La première note, rejointe par la deuxième, les deux entrelacées dans l'air, les tenir, insinuer un arpège de la main gauche, laisser vibrer ensemble, enlever un doigt, l'accord est transformé, détissé petit à petit, le silence se reconstruit, redevient intégral. Qu'en savent-ils des pauses, des soupirs, des aspirations, des suspensions, de tout ce qui fait le souffle de la musique, son aire invisible ? Rien. Ils ne savent rien du rien. Il ne veulent rien en savoir. Donnez-nous notre bruit quotidien. Remplissez.
Nancy Huston, Les variations Goldberg
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