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Il y a une responsabilité terrible, pour tous ceux qui la prennent, et un dangereux abus de langage, en tout cas, à qualifier la folie de «maladie» mentale. Il est clair que dans bien des cas l'expérience de la déraison (Hölderlin, Nerval, Nietzsche, Van Gogh, Artaud même, chez qui elle fut en partie volontaire) s'étend à des champs plus vastes, infiniment plus douloureux et périlleux que l'expérience de la raison, dont la «prudence» se limite à ne jamais rien risquer qu'au dedans de ses propres frontières. C'est un jeu convenu, dont les gains ou les pertes sont convenus et ne touchent jamais à la substance. Donc un manque de foi. Celui qui risque tout son être (surtout s'il est perdant) croit forcément à l'existence d'autre chose ; et ce qu'on appelle son «égarement» témoigne assurément qu'il est entré dans d'autres dimensions que les siennes propres.

Armel Guerne, Fragments




King Crimson - Starless

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