.fragments .fugitifs

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... crachait sa fumée dans le noir, puis il était minuit chante Manset, peu avant la nouvelle année. Une bouche de métro, le quai est calme. Le train vient. Minuit, station Stalingrad, la rame est agitée par les cris, la musique ensevelie, une dame lève les yeux d'un livre, m'adresse un sourire, retourne à sa lecture... où le vacarme des vivants n'étouffe pas la musique des morts. Quelques stations plus tard, un jeune homme marche tranquillement en téléphonant, la tête couverte de sang.

Bienvenue en 2011. Nuit, voeux.

Ce matin, autre métro, l'horizon, puis cette jeune femme lisant au milieu des vapeurs d'alcool et autres rires oublieux, chairs à peine couvertes.




Je suis convaincue que le malheur d'une part, d'autre part la joie comme adhésion totale et pure à la parfaite beauté, impliquant tous deux la perte de l'existence personnelle, sont les deux seules clefs par lesquelles on entre dans le pays pur, le pays respirable ; le pays du réél.
Mais il faut que l'un et l'autre soient sans mélange, la joie sans aucune ombre d'insatisfaction, le malheur sans aucune consolation.

Simone Weil, Lettre à Joe Bousquet, 2 mai 1942

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